Le 22 novembre 2025, dans le salon d’honneur de la mairie de Pontivy, M René Fourdan enfant du Pays fait chevalier de la légion d’honneur par M Jean-Pierre Le Roch ancien député maire de Pontivy.
En Présence de toute sa famille d’élus et des associations locales, hommage lui a été rendu:
Né à Cléguérec le 7 octobre 1927, vous rejoignez Pontivy avec votre
famille en 1938, lorsque votre père y est nommé facteur pour les
communes alentour, puis ultérieurement sur la tournée de la rue
Nationale.
Beaucoup s’en souviennent encore ici, notamment Henri Le Dorze,
présent parmi nous, ainsi que plusieurs membres des Amis de Pontivy.
C’est donc tout naturellement que cette cérémonie se déroule à la
mairie de Pontivy, lieu chargé de sens et d’histoire.
À tout juste dix-sept ans, à peine la Ville libérée le 4 août 1944,
vous faites un choix courageux, rare à cet âge : celui de vous engager
volontairement pour la durée de la guerre, avec l’autorisation de
votre père.
Votre motivation ? Le devoir patriotique, celui de libérer le territoire
de l’occupant.
Vous êtes alors affecté comme second canonnier à la batterie
Bretagne du 40ᵉ Groupe Colonial de Défense Contre Avions, le 40ᵉ
G.C.D.C.A., rattaché à la Première Armée Française, que l’on
appellera bientôt “Rhin et Danube”.
Cette unité fut citée à l’ordre du Corps d’Armée par le général de
Lattre de Tassigny pour sa bravoure pendant la campagne de
France, notamment dans les Vosges et en Alsace, durant le terrible
hiver 1944-1945.
Vous participez alors, aux côtés de vos frères d’armes – dont beaucoup
avaient combattu en Italie – à des opérations menées dans des
conditions extrêmes :
moins vingt degrés, vent glacial, neige abondante: cinquante
centimètres au sol au Col du Bonhomme.
Victime d’engelures sévères aux pieds, vous êtes évacué vers l’ hôpital
militaire de Remiremont puis à l’hôpital Hippolyte Fontaine à Dijon.
Une fois rétabli, vous rejoignez votre unité combattante et reprenez
position à Gambsheim dans la région de Strasbourg, encore sous la
menace ennemie.
Le 31 mars 1945, vous traversez le Rhin à Spire et progressez en
Allemagne.
Le 21 avril 1945, le général de Lattre de Tassigny Commandant en
Chef la Première Armée Française cite votre unité, le 40ième
Groupe Colonial de D.C.A., à l’ordre du Corps d’Armée.
Je me permets de rappeler quelques lignes de cette citation qui vous
est délivrée le 5 mai 1945 par votre commandant:
« Pendant la campagne de France, sous le commandement du
Capitaine Maréchal, le 40ᵉ Groupe a participé aux opérations des
Vosges et de l’Alsace, dans des conditions climatiques et tactiques très
difficiles, en pleine action de combat.
Il a, en outre, apporté une aide précieuse en assurant le transport du
matériel nécessaire au franchissement des brèches.
Le 40ᵉ GCDCA a compté 20 tués, 21 blessés, et s’est vu homologuer
26 avions abattus.
Délivré à René FOURDAN, deuxième canonnier, matricule 40260. »
C’est à Schopfloch que vous apprenez la fin des hostilités, le 8 mai
1945
Vous êtes ensuite affecté aux troupes d’occupation dans le secteur de
Tübingen puis Tailfingen, avant d’être démobilisé le 19 décembre
1945.
Votre mission de soldat accomplie, vous reprenez une vie civile
exemplaire.
Après un passage au Service du Ravitaillement de Pontivy, vous
réussissez le concours d’entrée dans l’administration des PTT. Votre
carrière vous conduit à Paris, puis à Pontivy, Lanester et enfin
Lorient, où vous terminez comme contrôleur divisionnaire.
Petit clin d’oeil de l’histoire : vous résidez aujourd’hui impasse Émile
Masson, du nom d’un intellectuel breton originaire de Pontivy, père
du regretté maire Michel Masson.
Mais votre engagement ne s’arrête pas là.
Tout au long de votre vie, vous êtes resté un homme d’action et de
mémoire.
Vice-président national et porte-drapeau du fanion du 40ᵉ GCDCA
— jusqu’à la dissolution de l’association en 2009 — vous avez
également été membre actif de l’Association Rhin et Danube qui
vous a décerné son diplôme d’honneur, notamment pour votre
implication en Morbihan.
À Vannes, à Pontivy, à Lorient… vous participez à de nombreuses
cérémonies,
notamment à l’inauguration du Pont Rhin et Danube à Pontivy en
mai 1987. Chaque 8 mai, vous lisez à Lorient avec émotion l’ordre
du jour n°9 du général de Lattre de Tassigny, daté du 9 mai 1945.
Et vous l’avez encore fait cette année, pour le 80ᵉ anniversaire de la
Libération, à Lorient, à l’âge de 97 ans. Quel symbole ! Quelle
fidélité à la mémoire de vos frères d’armes !
Monsieur FOURDAN, tout au long de votre parcours, vous avez fait
preuve d’un courage exemplaire, d’une modestie rare et d’une
conviction profonde. Votre engagement, dès l’âge de seize ans, reste
une leçon de vie. Votre témoignage nous rappelle combien la paix est
fragile, et combien nous devons à votre génération d’avoir su la
préserver.
Ne l’oublions pas, ne l’oublions jamais :
c’est grâce à vous, Monsieur FOURDAN, et à vos compagnons
d’armes,
que notre pays a connu le plus long temps de paix de son histoire.
C’est pourquoi, par décret du 4 juillet 2025,
vous avez été promu dans l’Ordre national de la Légion
d’honneur,
au titre des anciens combattants de la guerre 1939-1945,
à l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre
mondiale.
Monsieur FOURDAN,
au nom de la Nation, qui vous a décerné en 2009 la médaille de
reconnaissance «en témoignage des services exceptionnels rendus
lors de la guerre 1939-1945»
recevez aujourd’hui notre admiration, notre gratitude, et le profond
respect de tous ceux qui savent que la paix d’aujourd’hui porte le nom
de votre courage.



