Pierre Vilars, 105 ans décoré de la légion d’honneur par le général(2s) Philippe Prévost

Résumé de la guerre de Pierre Vilars

Mon père, Pierre Vilars, est un homme dont le début de la vie active a été fortement marqué par la seconde guerre mondiale.

Pendant de nombreuses années, Papa n’a pas souhaité s’exprimer sur cette période de sa vie.

Après l’écriture d’un petit ouvrage intitulé « Blondel s’en va-t’en guerre » avec l’aide de François, il y a quelques années, Timothée et Corentin ont recueilli son témoignage en l’enregistrant en 2016 puis Timothée a retranscrit celui-ci par écrit. En voici un résumé dont je me suis servi pour le dossier d’obtention de la légion d’honneur.

Après une préparation militaire supérieure faite en parallèle de l’école des Arts et Métiers de Lille, il est reçu au concours des officiers de réserve de Poitiers en septembre 1938. A l’issue de cette formation, il choisit son affectation dans un régiment d’artillerie coloniale basé à Lorient (c’est là qu’habite sa sœur Christiane à l’époque).

A la déclaration de guerre, il gagne la Belgique, par la Meuse puis Namur avec son cheval Espoir. Vient alors la terrible débâcle, Son régiment compte 500 morts.

Il est envoyé en mission dans le sud de la France pour récupérer du matériel d’artillerie. Il regagne Lorient en train en conduisant lui-même la locomotive, faute de machiniste. Il participe à la défense de Lorient au cours de laquelle il est blessé par un tir de mortier, au carrefour des 5 chemins à Guidel. C’est alors qu’il est fait prisonnier.

Papa part pour l’Allemagne pour être interné dans un camp d’officiers à Nuremberg puis à Stuttgart. Souhaitant quitter ce camp à tout prix, Il réussit à partir comme volontaire pour aller se battre contre les anglais en Syrie. Un concours de circonstances lui permet de fausser compagnie aux allemands et de gagner la zone libre. Il arrive à Marseille, se refait une santé après avoir perdu 12 kilos et contacte ses supérieurs hiérarchiques. Il rejoint l’Afrique à Dakar puis le Burkina Faso où il reste 2 ans.

Papa se rallie alors au Général de Gaulle et gagne par avion l’Afrique du Nord en avril 43. Sur les 5 avions de transport de troupe, 2 avions s’écraseront en raison d’une mauvaise météo. Les instruments de navigation n’étaient pas très développés à l’époque. Intégré au régiment d’artillerie coloniale du Maroc à Casablanca, il change d’identité à la demande de son colonel. Les allemands le recherchent. Papa apprend donc à être un autre homme et prend l’identité de Jean-Pierre Blondel.

Il embarque alors pour la Corse. Il participe au débarquement sur l’île d’Elbe lors de l’opération Brassard le 17 juin 1944. Une fois la libération de l’île d’Elbe achevée, il retourne en Corse pour préparer le débarquement en Provence et participer activement à la libération de la presqu’île de Saint Mandrier. Papa remonte ensuite vers le Doubs, participe à la libération de Villars-sous-Ecot le 10 septembre 1944. Puis Mulhouse et la poche de Colmar.

Il obtient une permission pour aller se marier avec Jacqueline Boucher le 27 janvier 1945 (Il avait fait sa rencontre avant la campagne de Belgique). Dix jours après, il rejoint son armée à Strasbourg puis passe le Rhin à Spire. Il se rend à Karlsruhe puis Fribourg et  la Suisse. Il stationnera en forêt noire à la frontière de la Suisse jusqu’à la reddition de l’Allemagne.

Le 25 mai 1945 il reçoit la croix de guerre pour ses faits d’armes.

Il sera promu au grade de capitaine le 3 décembre 1945.

Lors de la démobilisation, Papa refuse de remplir les imprimés pour la légion d’honneur, jugeant qu’il n’a fait que son devoir.

Il sera élevé au grade de chef d’escadron le 25 décembre 1960.

C’est seulement il y a un an, à l’âge de 104 ans, au détour d’une conversation, qu’il a fini par accepter l’idée de cette décoration bien méritée.

Avant de terminer mon monologue, je souhaite remercier vivement madame Anne Geslin, Directrice du service départemental du Morbihan pour l’office national des anciens combattants et victimes de guerre.

J’ai été en relation avec madame Geslin pendant presque un an, afin de constituer le dossier pour la demande de légion d’honneur au profit de Papa. Ses conseils et toutes les informations fournies nous ont permis de nous retrouver aujourd’hui pour cette cérémonie.

Un grand merci également au général Prévost dont la disponibilité et l’expérience nous ont permis de finaliser cette remise de décoration.

Général Prévost je vous confie le pilotage de la cérémonie.

Antoine Vilars

 

article de Ouest-France sur la décoration de Pierre Vilars par le général(2s) Philippe Prévost, président de la section SMLH du Morbihan

 

 

 

 

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